Entretien avec Teampact Ventures - Les sportifs au service de l'impact

Analyse

Teampact Ventures est un fonds d'investissement dédié aux projets à impact sociétal dans les domaines du climat et de la santé.

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Lancé en 2021, le fonds a cette particularité de rassembler des sportifs de haut niveau dont Nikola Karabatic, Raphaël Varane ou Benjamin Kayser. Après avoir déjà levé 21 millions d'euros, il vise une taille finale de 50 millions, et a déjà réalisé cinq investissements.

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Son ambition ?  Réunir le savoir-faire des sportifs et le sens de l’innovation des entrepreneurs. Avec une approche novatrice dans laquelle le sportif est, certes, pourvoyeur de fonds, mais surtout un coach de haut niveau pour les chefs d’entreprises.

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Entretien avec Romain Vidal, co-fondateur de cette aventure qualitative…

L'entretien avec Romain Vidal au grand complet

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La Gazette : Pourquoi particulièrement réunir des sportifs de haut niveau ?

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Notre idée, c’est de sélectionner une certaine sous-population parmi ces sportifs. Et quand tu regardes effectivement les gens qui s'investissent chez nous sont dans une démarche personnelle d'engagement, de recherche d'impact. Pour la plupart d'entre eux d'ailleurs, c'est même une recherche de deuxième carrière.

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Niko Karabatic et Raphaël Varane, par exemple, ils sont très clairement dans une démarche de dire “Après le sport je vais vraiment être impliqué sur l'entrepreneuriat à impact.” C’est le dénominateur commun de tous nos athlètes.

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Il y a beaucoup d'autres sportifs, et malheureusement beaucoup dans le foot, qui sont complètement déconnectés de tous ces sujets-là mais, mais pas chez nous.

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La Gazette : On a déjà vu beaucoup de sportifs de haut niveau devenir investisseurs, quelle différence porte Teampact ?

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Pour la plupart, c'était un job d'investisseur dans le sport, les sportechs ou l’innovation dans le sport. La grosse différence qu’on amène, c'est que nos sportifs n’ont pas vocation à investir dans le sport. En général, qui dit sport dit NFT, paris sportifs… Le sport, c'est top mais c'est un tout petit marché et la plupart des fonds qui sont lancés dans une thèse sportechs se sont plantés. Nous, notre thèse, c’est l'impact.

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Le deuxième amalgame, c'est le rôle des sportifs : dans la majorité des cas, les sportifs sont utilisés pour des logiques d'influence marketing, ce qui n’est pas notre combat non plus.

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Il faut revenir un peu à la réalité de ce que c'est que l'après sport pour un professionnel. Aujourd'hui, leurs options sont assez peu nombreuses.

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C'est soit effectivement de l'influence marketing ou de la conférence avec un rôle très transactionnel “Je te paye, tu fais”, sans intéressement au résultat. Et puis il y a les rôles plus politiques dans les fédérations ou comme lobbyiste.

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Donc ça, ce sont les routes actuelles où on les retrouve et là je ne parle que de ceux qui ont réussi, qui ont gagné beaucoup d’argent. Pour les autres, tous les “petits” il y a un énorme problème de valorisation, c’est une cata mais c’est un combat que l’on mènera plus tard.

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Aujourd'hui, les options qui se présentent à eux ne sont pas méritocratiques du tout et c’est très éloigné de tout ce qu’ils ont connu dans leur carrière, d'être à fond, d'être impliqués, d'être challengé…

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C’est pour ça qu’il y a beaucoup d'histoires de problèmes de santé mentale chez les sportifs après carrière, parce que la société est très éloignée de ce en quoi ils sont forts.

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Ce qu’on amène, c'est une troisième alternative, en fait, mais qui est réservée à des gens qui ont vraiment l'ambition de s'impliquer par rapport à d'autres initiatives très financières. En gros, la plupart des acteurs qui, aujourd'hui, font de l'investissement avec des sportifs, leurs proposent un investissement financier et ça s'arrête là. C'est plutôt “Ah tiens, cette boîte est bien, vas-y, mets de l'argent dedans” et c’est tout.

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Pour nous, c'est certes une condition sine qua non qu’ils mettent de l'argent, mais l'enjeu n’est pas là, il est sur leur implication.

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Ils doivent avoir la démarche de venir passer du temps dans les boîtes. Ils ne sont pas encore employés chez nous à temps partiel ou complet mais  ils passent des heures et des heures avec nous, avec les entrepreneurs, avec un max de valeur ajoutée.

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Nous, ce qu'on va écouter, c'est un savoir-faire et une expérience très très supérieure à la moyenne sur des sujets de performance individuelle ou collective. Les grands sportifs sont bien meilleurs que l'immense majorité des entrepreneurs sur la gestion d’eux-mêmes, sur la gestion de l'effort, du stress, du bruit etc. Ce sont des machines de guerre pour performer !

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La Gazette : Travailler avec de grands sportifs, c’est pour vous une manière de repérer les entrepreneurs qui ont déjà un mindset de vainqueurs ?

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Non, non, repérer, c'est notre métier et d'ailleurs, les critères, c'est souvent des critères de courbe d’apprentissage, de voir à quel point ce sont des gens qui grandissent vite, qui sont coachables, qui écoutent, qui sont des éponges.

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C'est ça qui fait un bon entrepreneur ! Donc les sportifs, on les utilise pour maximiser ça, pour venir impacter les boîtes pour qu'elles soient les meilleures au monde, pour attirer, retenir et faire grandir les gens. Notre postulat, c’est d’investir uniquement dans des boîtes qui sont actives sur des sujets de société majeurs parce qu'on pense que les meilleurs talents, dans les années à venir, ne voudront bosser que sur ces sujets-là.

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Et ça fait déjà partie de l'équation : on fait de l'impact parce que ça permet d'attirer les meilleurs et, ensuite, il ne suffit pas d'attirer, il faut aussi retenir et faire grandir.es.

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Les sportifs sont extrêmement importants pour aider les entrepreneurs à être de meilleurs leaders et de meilleurs dirigeants, à mieux performer à la fois dans leur job de dirigeant et dans la performance collective : ils leur apprennent comment faire des équipes qui se serrent les coudes, qui tiennent dans la durée et qui gagnent au plus haut niveau mondial comme les All Blacks, comme les Spurs ou comme l'équipe de France de hand.

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Car malheureusement, depuis 10 ans ou 20 ans, les startups sont souvent des feux de paille, ça monte très vite et ça descend aussi vite. Elles disparaissent, les mecs arrivent, ils repartent… Alors que l'entrepreneuriat, c'est pas ça. Une entreprise c'est fait pour durer. Les gens qui y sont employés, leur vie dépend de ça, même s’il ne s'agit pas de rester 40 ans dans une boîte, comme ça se faisait avant.

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Les gens doivent y être heureux, épanouis, incentivés et successfull. Dans ce cas, ta boîte va marcher. Si tu crois que ta boîte c’est toi, qu’à part le CEO le reste n’existe pas, tu vas te planter. Une boîte c’est avant tout ses employés, et nous sommes peut-être le seul fonds au monde qui exige de rencontrer les employés avant d’investir !

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La Gazette : C’est donc un fonds à double impact, sur la boîte elle-même et par sa mission ?

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Oui ! Et on ne travaille qu’avec des boîtes qui travaillent sur le climat et dans la santé. Mais encore une fois, c'est pragmatique. On a la conviction que dans les années à venir, il n'y a que ces deux industries là, peut-être avec l'éducation aussi, qui vont attirer les meilleurs talents.

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Je reçois tous les jours des appels de gens qui ont passé dix ans dans des Fintechs ou autres et qui en ont ras-le-bol de bosser sur des sujets qui ne leur parlent pas, peut-être aussi parce qu’ils deviennent parents et qu’ils n’ont pas envie de dire à leurs gamins qu’ils ont œuvré pour le pétrole ou pour je ne sais quel “PayNow”, “PayLater” ou une autre startup qui ne sert à rien ni à personne.

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Les gens réfléchissent comme ça, maintenant, donc en tant que fonds, c'est un bon moment pour avoir une stratégie qui consiste à se dire que les meilleurs et ceux qui tiennent dans la durée iront sur des sujets comme ça.

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On pense qu'il va y avoir des boîtes absolument énormes et on voit déjà avec Morfo ou Alan, avec une super mission et une super façon de traiter les gens, font d’énormes cartons. Ils ont craqué ces deux équations là donc ils entrent dans la décennie actuelle avec tout ce qu'il faut pour tout casser.

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La Gazette : Pourquoi avoir choisi précisément climat et santé, et pas d’autres objectifs de développement durable ?

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Aujourd’hui on est contraints par la taille, on est que deux à leader l'investissement. Moi je couvre la santé, Basile couvre le climat. Si on trouve la bonne personne, on viendra ajouter l'éducation, c'est le troisième grand axe qui colle à ce qu'on fait.

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Notre thèse repose sur une recherche de définition du bonheur de l'employé : je ne veux investir que dans des boîtes dans lesquelles je serais heureux de voir mes enfants travailler, du coup je me demande ce qui va rendre mes enfants heureux, et pour moi être heureux sur le plan professionnel, ça se limite à trois éléments : bosser sur des trucs absolument essentiels à l'humanité (donc climat, santé ou éducation).

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Deuxièmement, il y a l’ambition globale : si tu fais quelque chose de bien, autant le faire à grande échelle et le troisième point, et le plus important, c’est travailler avec des gens que tu respectes et que tu admires et qui te respectent aussi ! C’est tout ce que je souhaite à mes gamins.

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S’ils ne sont pas entrepreneurs et qu’ils sont employés, je veux m’assurer qu’ils puissent trouver des boîtes qui réunissent ces trois critères-là je serai serein et j’aurai fait mon boulot !

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La Gazette : Est-ce que “vos” sportifs-investisseurs vont utiliser leur notoriété pour faire la promo des entreprises au capital desquelles vous entrez ?

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Ça n’entre pas dans notre mandat. Ça ne veut pas dire qu'on est contre, au contraire, on trouve que ça peut être une très bonne idée. La réalité, c'est qu’on a réfléchi à ça sous forme de chronologie.

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On pense que c'est sûrement une bonne idée et on encourage le fait que l’entrepreneur et le sportif en parlent entre eux, mais nous ne nous en mêlons pas. Nous, notre boulot, c'est l'amont. C'est pour que ces choses là fassent sens, on dit à l’entrepreneur de s’assurer que la personne qu’il/elle utilise comme égérie ou ambassadeur soit amoureux du projet, que c'est son bébé.

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Quand on parle d'impact et de sportif, la confiance est primordiale. Notre préoccupation est de s'assurer que le sportif-investisseur est in the game, qu’il est impliqué, qu'il a passé du temps avec les entrepreneurs et qu’ils se connaissent bien, qu’une vraie cohésion qui s'est créée. À partir de là, qu'ils fassent ce qu'ils veulent.

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Mais évidemment que c'est un levier qui peut être extrêmement pertinent, car sur des problématiques comme le climat ça peut avoir des répercussions faramineuses…

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La Gazette : Vous avez une équipe de pionniers et vous comptez passer de 20 à 50 millions d’actifs, qu'est ce qui va se passer dans les mois qui viennent ?

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On en cherche effectivement de nouveaux investisseurs. Après, les gens qui nous sollicitent sont des gens qui ont compris pourquoi les autres sont avec nous. Ils arrivent avec leurs convictions personnelles sur le climat ou la santé.

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Ils viennent en nous disant qu’ils ont envie de s’impliquer et on a de la chance car c’est le plus important pour nous. Maintenant, ce bouche à oreille commence à prendre parce que ça parle, dans les vestiaires ! Alors on essaie de maximiser ça : on est en train de monter une appli de formation parce que, souvent, ils arrivent avec un gros sentiment d'imposteur. Ils ont peu d'expérience sur les sujets d’impact, d’investissement et d’entrepreneuriat.

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Donc on va mettre pas mal d'énergie sur des logiques de formation pour leur apporter un bagage initial, leur permettre d'attaquer tout ça en connaissance de cause. Après, on n’a pas d’énormes moyens donc on fait ça avec des bouts de ficelle, brique par brique.

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Et plus bas : Ensuite, quand on parle d’impact, ce qui est très important pour nous, c’est de nous méfier des opportunistes ! Il va y avoir une proportion en hausse de personnes purement opportunistes, parce que vu que l'argent va aller ici plus qu'ailleurs, forcément, ils vont s'agglutiner comme des fourmis sur du sucre… Et nous, on veut de la sincérité !

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