Fullsoon, ou la croissance exponentielle de l'anti-gaspi boosté à l'IA

Analyse

Misba, Tayeba et Hassan-Ali Chaudhary, trois frères et sœurs qui ont une pépite entre les mains.

En s’appuyant sur ses travaux de prédiction de remplissage des hôtels au sein du groupe Accor, Hassan-Ali et son équipe ont développé Fullsoon, une solution qui prédit la fréquentation et les choix des clients et permet donc aux restaurateurs de diminuer le gaspillage alimentaire et d’optimiser leurs recrutements tout en gagnant 6% de marge.

Ils se sont lancés il y a un an à peine mais sont déjà sur orbite. Retenez bien leurs noms, car on n’a pas fini d’entendre parler d’eux…

L'entretien au complet avec la famille Fullsoon

La Gazette : Un an après la commercialisation de Fullsoon, quel bilan en tirez-vous ?

Hassan-Ali Chaudary:

Avec les contrats qu’on a signés en 2023, on devrait atteindre les 2000 clients opérationnels, c’est-à-dire 2000 points de vente de restauration.

On a créé Fullsoon en 2022, mais il a fallu un an et demi de recherche et développement pour arriver à une commercialisation en mars 2023. 2024 sera l’année du déploiement, notamment avec Accor, qui est l’un de nos actionnaires et qui vient avec ses 10 000 points de vente, que nous avons en target.

La solution est testée depuis deux ans : on se connecte à la caisse de l’établissement, on récupère tous les tickets de caisse émis pour savoir à quelle heure le client est venu, le plat qu’il a pris et le prix qu’il a payé.

Ensuite en se basant sur la localisation et sur le type de restaurant nous allons chercher tous les événements externes qui ont pu impacter la vie du resto : vacances scolaires, évènements sportifs etc. pour ensuite faire des analyses de corrélation.

Si, par exemple, le restaurant vend une pizza margarita, on va regarder comment elle s’est vendue selon qu’il a fait beau ou non, ce qu’il s’est passé quand il y a eu un match du PSG pour pouvoir faire de la prédiction : combien de clients vont venir et à quelle heure, quels sont les plats qu’ils vont commander…

Avec ces données, on peut calculer la quantité exacte d’ingrédients dont on a besoin pour préparer les repas tel ou tel jour. On permet au restaurateur d’avoir des bons de commande auprès de ses fournisseurs déjà pré-remplis et donc de n’avoir ni surstockage alimentaire, ni gaspillage, ni rupture de stock.

La Gazette : On peut donc supposer que 2024 sera une année très riche ?

Hassan-Ali :

Oui ! D’autant que (on n’en a encore parlé à personne !) l’on travaille avec les autorités sur la préparation des JO. On a été repérés par Emmanuel Macron, Jean-Noël Barrot (ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé du Numérique) et Olivia Grégoire (Ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation).

Ils nous ont invités à faire des retours d’expérience et à travailler dans des comités de réflexion et d’organisation sur l’organisation des JO pour apporter des insights sur la prévision du nombre de touristes qui vont venir dans les points de restauration et pouvoir anticiper les flux.

On a récupéré beaucoup de données d'événements sportifs majeurs dans les dernières années (l’Euro de foot, la finale de la Ligue des champions, les JO de Londres, Pékin ou Tokyo) en France ou à l’étranger.

En termes d’achat, d’organisation et de RH, on les accompagne pour leur dire qu’il va y avoir un pic d’affluence à ce moment-là, qu’il faudra embaucher tant de serveurs, tant de cuisiniers.

Fullsoon fait partie de groupes de travail de lutte contre le gaspillage alimentaire, avec le Gouvernement. On met à disposition nos prédictions.

Visuel de ce que propose Fullsoon

La Gazette : Comment vois-tu le développement de Fullsoon, à deux-trois ans ?

Fullsoon, on va en faire une licorne ! Blague à part (il ne rigolait pas tant que ça, en vrai, ndlr), on a des ambitions très fortes parce qu’on n’est pas animés que par l’argent.

Alors oui, c’est une entreprise et un business model, donc l’objectif est d’être rentable, mais c’est avant tout une entreprise à mission qui est là pour réduire le gaspillage alimentaire.

Quand j’avais 17 ans, j’ai rejoint des amis et on a monté l’association Au cœur de la précarité. On allait récupérer les invendus dans les restos et les magasins pour en faire des paniers repas.

Ça fait dix ans que l’asso existe et on l’a énormément développée : aujourd’hui, c’est 3 salariés et plus de 150 bénévoles qui distribuent plus d’un million de repas.

Avec Fullsoon, on est parti d’un constat : les maillons en bout de chaîne , que ce soit les assos ou des boîtes comme Too Good to Go, Phénix ou autre, ce sont des supers initiatives mais qui agissent en bout de chaîne. Malheureusement, en fin de chaîne, elles ne vont récupérer que 0,0001% du gaspillage total.

Pour être efficace, on a besoin de ces acteurs-là qui sont indispensables mais on a aussi besoin de quelqu’un qui agit en amont, avant que le gaspillage n’ait lieu. Et si on sait la quantité qui va être utilisée, on sait la quantité qu’on va préparer.

Dans les restos avec lesquels on travaille, on diminue en moyenne d’un tiers le gaspillage réalisé.

Il faut aussi être réaliste : même si Fullsoon fonctionne très bien, avec une précision de plus 90%, il y a toujours des évènement imprévisibles.

Un car de touristes qui s’arrête devant un resto, il y aura un pic qu’on n’aura pas pu anticiper ou au contraire, une grève qui va faire diminuer la fréquentation, il y aura toujours des invendus résiduels donc c’est indispensable d’avoir des acteurs comme Too Good To Go ou Phénix ou des assos pour récupérer et valoriser ces invendus.

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