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Dans l’éolien off-shore, les robots Forssea sont des anges-gardiens d’avenir

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En 2017, Gautier Dreyfus a fondé, aux côtés de Maxime Cerramon, Forssea Robotics, une startup qui développe des solutions robotiques autonomes pour l'inspection et l'intervention sous-marines. Destinée aux secteurs de l’énergie offshore et de la défense ou de la science, l'entreprise conçoit des véhicules sous-marins capables de travailler en profondeur, facilitant les opérations avec un minimum de support de surface. Pionnière dans la robotique intelligente, Forssea Robotics optimise les interventions sous-marines grâce à des technologies de pointe, alliant précision et autonomie pour réduire les coûts et améliorer la sécurité des missions. Interview.

Sommaire

Expliquez-nous Forssea simplement !

Gautier Dreyfus : On est une société de robotique sous-marine, c’est-à-dire que l’on fabrique puis on loue ou on vend nos robots. On est un peu un Kiloutou qui loue des engins de chantier, sauf que l’on serait fabricant de notre propre équipement, potentiellement vendeur et loueur. Nous mettons à disposition un robot clef en main pour nos clients qui sont des grands comptes de l’offshore, soit des clients qui sont dans le pétrole et le gaz, soit dans l’éolien, qui est le nouveau marché du service maritime avec la fabrication des fermes éoliennes et la maintenance dans laquelle nous intervenons. Il y a aussi des marchés qui se développent comme les marchés scientifiques et environnementaux et la Défense.

Nous avons signé il y a deux ans des contrats avec la DGA et la Marine nationale, qui est un marché très porteur lorsque l’on sait tout ce qui se passe dans les fonds marins avec un contexte de guerre (Norstream et ses besoins de maintenance, par exemple, ndlr), ce sont des sujets qui reviennent à la “mode” dans les Etats-majors.

Quels sont les grands comptes visés ?

Gautier Dreyfus : On loue déjà à une entreprise au Brésil, nous avons deux systèmes en Malaisie pour des plateformes Petronas qui est le gros opérateur malaisien. Sur l’éolien, notamment en France, EDF est notre client direct, nous avons aussi Iberdrola (le EDF espagnol, ndlr) et nous répondons par ailleurs à des appels d’offre d’énergéticiens allemands ou hollandais. L’éolien offshore européen continue à croître doucement mais sûrement, et les gros boum des dix années qui viennent se feront en Amérique du Nord et en Asie du sud-est.

Pour répondre aux interrogations des investisseurs, j’assume parfaitement le fait que l’on travaille dans l’oil & gas (le pétrole et le gaz, ndlr) : nous y faisons de la maintenance, c’est-à-dire que l’on ne vient pas ajouter des champs mais que l’on aide à prolonger la durée de vie des champs existants. Malheureusement ou heureusement, c’est à 90% grâce à l’oil & gas que l’on finance l’éolien en mer.

Ce sont les mêmes robots qui assurent la maintenance, ce sont les mêmes prestataires. Tout ceci est très lié et nous avons une stratégie globale à l’international : nous avons travaillé avec le Brésil, la Malaisie, en Australie et dans la plupart des pays d’Europe, une vingtaine de pays environ depuis la création.

Vous mettez en avant les gains d’efficacité et d’énergie, en quoi marquez-vous une rupture ?

Gautier Dreyfus : Notre point d’entrée commercial et que nous allons plus vite notamment parce que nous travaillons depuis de petits navires. Cela coûte moins cher qu’un gros navire, et cela est possible car notre robot permet de travailler dans ce que l’on appelle des “conditions dégradées” avec peu d’équipes et de matériel à bord, dans des conditions météo lourdes et sans capteurs de positionnement sous-marin. On arrive avec un équipement tout intégré sur de petits bateaux, on plonge vite et bien et c’est donc 70 à 80% moins cher pour le client.

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Quelle est la technologie que vous apportez et qui rend tout cela possible ?

Gautier Dreyfus : Il y a un aspect technique et un aspect technologique : au niveau technique, on a optimisé la machine en redéveloppant un robot dédié à l’éolien et en en faisant un des plus compacts du marché, avec une plage d’utilisation très élevée que ce soit pour la charge utile, pour les mesures d’épaisseur, de corrosion sur des champs éoliens et pas uniquement au niveau des fondations mais aussi pour les câbles, par exemple.

L’aspect technologique réside dans l’autonomie, avec le premier robot léger du marché qui embarque des technologies de navigation embarquées, donc le robot sait où il est et il peut naviguer tout seul, ce qui fait que s’il n’y a qu’une ou deux personnes embarquées à bord au lieu de cinq ou dix, vous permettez que le pilote devienne “juste” un superviseur qui s’occupe de voir si les questions de mer, de pont, de sécurité sont respectées, mais le robot fait une grosse partie du boulot tout seul ! Il sort alors une image super stable, géoréférencée, ce qui permet, très vite, de créer des rapports pour le client.

Nous sommes une société de robotique mais nous faisons de “l’intégrité” avec des robots d’inspection très légers : on filme, comme un drone, et nous faisons des “tests non destructifs” via des capteurs qui relèvent les fissures, l’épaisseur, la présence de rouille etc.

“Nous préférons donc nous déployer doucement mais sûrement, consolider l’entreprise et respecter les réglementations et la sécurité, le tout pour garder notre excellence opérationnelle.”

Sur les dernières années et pour celles à venir, quelle est votre trajectoire ?

Gautier Dreyfus : Notre société a huit ans et après les premières trois années de “bricolage” et à partir de zéro, financée par des fonds de “friends and family” de 300-400 000 euros qui nous ont permis de développer un prototype, il y a ensuite eu un premier pool d’investisseurs qui nous a permis de réaliser une première opération en Mer du Nord.

Ensuite nous avons fait entrer au capital le Crédit Agricole et un family office pour une Série A, il y a deux ans maintenant. Donc, en huit ans, nous avons levé 3,8 millions, ce qui est assez raisonnable quand on voit les contraintes et les technologies mises en œuvre (le coût de l’une de nos machines est de 400 à 500 000 euros environ !). Le but maintenant est de pouvoir nous déployer et nous y sommes prêts.

On est techniquement prêts, nos robots sont faits pour descendre à -500 mètres  et on veut apporter notre pierre à l’édifice à la réduction des coûts et à l’amélioration de l’efficacité sur les opérations côtières.

C’est donc sur ces “petites” machines que votre positionnement change la donne ?

Gautier Dreyfus : Exactement. On pourrait faire autre chose mais c’est sur ce segment que l’on a décidé de mettre le paquet et, en plus, c’est ici que notre technologie a le plus de valeur ajoutée, notre autonomie sur des champs éoliens côtiers, notamment.

Cette levée est donc fléchée sur du développement commercial, pas sur de la recherche et développement ?

Gautier Dreyfus : Complètement. La R&D a déjà été financée par nos contrats-cadres et notre programme de financement public et on a déjà sécurisé 1 million d’euros de la part de nos partenaires historiques pour cette levée. Le but est clairement opérationnel et commercial pour déclencher l’effet boule de neige avec nos clients. Pour cela il faut des équipes, le but étant d’embaucher cinq ou six personnes aux opérations, et de financer de nouveaux robots. Aujourd’hui, nous en avons cinq, le but est de passer à huit en 2025 et ensuite de fabriquer trois à cinq machines par an à partir de 2026.

“Nous cherchons donc des gens qui aiment l’industrie, les jolis jouets et la mer, ils ne seront pas déçus !”

Votre potentiel de croissance est indexé sur le développement de l’éolien offshore, c’est là l’idée ?

Gautier Dreyfus : En effet. Rien que sur l’éolien en Europe, il faudrait 300-400 robots pour assurer la maintenance, cela va augmenter de 20 ou 30% dans les années à venir, il y a une vraie demande. C’est un marché de niche mais nous avons une stratégie qui repose sur la fiabilité opérationnelle, il faut avoir une qualité de service et de technologie irréprochables et je veux faire un parallèle avec le spatial : vous n’avez pas le droit à l’erreur car il y a une chaîne de valeur très importante, la moindre erreur entraîne des coûts très importants.

Si Ariane explose, elle perd tous ses contrats, c’est assez simple. Nous préférons donc nous déployer doucement mais sûrement, consolider l’entreprise et respecter les réglementations et la sécurité, le tout pour garder notre excellence opérationnelle.

Un petit mot de la fin pour nos investisseurs ?

Gautier Dreyfus : Nous avons-là une entreprise mature avec un marché qui grandit, et je pense que l’on est au bon endroit, au bon moment. On est dans une belle industrie, cela reste des aventures humaines et techniques fabuleuses et moi je m’éclate tous les jours dans mon boulot parce qu’on fait de belles choses qui ont du sens, que ce soit dans l’éolien ou en envoyant des caméras à -3000 mètres avec l’IFREMER, tout cela est toujours très exigeant et passionnant.

Nous avons des innovations technologiques géniales, il nous faut juste maintenant les déployer commercialement. Nous cherchons donc des gens qui aiment l’industrie, les jolis jouets et la mer, ils ne seront pas déçus !

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